Carlos Alcaraz conserve son titre à Roland-Garros après avoir renversé Jannik Sinner au terme de la plus longue finale de l’histoire à Paris
Mené deux manches à rien, l’Espagnol s’est accroché pour faire tomber l’Italien en cinq sets et plus de 5 heures de jeu, dimanche. Le numéro 2 mondial remporte Roland-Garros pour la deuxième saison consécutive.
Qui d’autre pouvait faire tomber Jannik Sinner ? Indéboulonnable depuis le début du tournoi, l’Italien a flanché face à sa bête noire, Carlos Alcaraz, en finale de Roland-Garros, dimanche 8 juin. L’Espagnol, pourtant mené deux manches à zéro, a réussi la performance de sauver trois balles de match et de reprendre deux sets au numéro 1 mondial, qui n’en avait pas concédé un seul depuis le début du tournoi, pour finalement s’imposer au bout du super tie-break (4-6, 6-7 [4-7], 6-4, 7-6 [7-3], 7-6 [10-2]) et 5h29 de jeu.
Un succès conclu au terme de la plus longue finale de l’histoire du tournoi parisien, le précédent record (4h42) datant de 1982 avec le sacre de Mats Wilander face à Guillermo Vilas. Carlos Alcaraz remporte ainsi ses deuxièmes Internationaux de France, mais aussi son cinquième Grand Chelem en cinq finales disputées, contrairement à l’Italien qui connaît son premier revers.
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Son clan chantait « Si se puede » (« Oui tu peux le faire », en espagnol), alors Carlos Alcaraz y a cru. Avec l’appui du public, qui le considère comme l’héritier du maître des lieux Rafael Nadal, l’Espagnol s’est dépassé pour pousser Jannik Sinner dans un cinquième set. Il fallait cette cinquième manche pour que cette finale tourne à l’épique, et au mémorable. Car avant cela, les deux meilleurs joueurs du monde n’avaient malheureusement pas joué leur plus beau tennis en même temps.
Comme Novak Djokovic en demi-finales, Carlos Alcaraz semblait à la fois si proche et si loin du niveau de l’Italien dans les deux premiers sets. Inconstant, l’Espagnol a mis du temps à trouver la solution face au jeu en cadence de Jannik Sinner, réglé presque comme un robot. La pression mise par le Transalpin sur son cadet l’a longtemps empêché de totalement lâcher ses coups, et de déployer son jeu dans les deux premiers sets, avec des amorties, habituellement victorieuses, mais qui ne faisaient pas recette.
Alors pour bousculer Jannik Sinner, qui n’a jamais remporté un match de plus de quatre heures en carrière, Carlos Alcaraz savait peut-être qu’il fallait l’avoir à l’usure. Encore fallait-il être capable de le pousser dans un match marathon et donc de remporter les deux sets suivants. L’Espagnol s’est alors remobilisé et tout dans sa gestuelle, de ses encouragements et ses appels au public, a montré qu’il pouvait réaliser l’exploit.
Il y a été aidé, un peu, par des fautes directes inhabituelles de Jannik Sinner – trois dans un même jeu – qui lui ont offert le break dans la troisième manche. Mais imperturbable, l’Italien a debreaké et a obligé Alcaraz à aller chercher le set sur un nouveau break. Accrocheur, Carlos Alcaraz l’a de nouveau été dans la quatrième manche, en sauvant trois balles de match sur sa mise en jeu, alors que Sinner menait 5-3, 0-40. A partir de ce moment-là, plus rien ne pouvait empêcher l’Espagnol, revenu des abysses, de ravir la cinquième manche.
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Jannik Sinner n’a pu que constater l’ultime montée en puissance de son adversaire, qui a offert au public du Chatrier les coups spectaculaires qu’il était venu chercher. L’Italien a aussi semblé, un temps, accuser le coup physiquement, alors qu’il n’a repris la compétition que début mai, après trois mois de suspension pour des tests antidopage positifs.
Le monde venait de lui tomber sur la tête avec ces trois balles de matchs anéanties, et le numéro 1 mondial, habituellement si peu démonstratif, a manifesté quelques signes d’agacement. Face à lui, Carlos Alcaraz, fidèle à son leit-motiv des trois C (« cabeza, corazon et cojones » en espagnol, « la tête, le coeur et les c******* » en français), a continué de s’arracher pour conclure des points, parfois en tombant.
Les deux hommes ont alors décidé que les spectateurs n’en avaient pas eu assez pour leur argent, ou leur invitation. Tous les deux se sont mis à jouer leur meilleur tennis, en même temps cette fois, avec des coups prodigieux, pour se pousser dans un super tie-break, le premier de l’histoire en finale de Roland-Garros. Et qui sait, si cette règle n’avait pas été introduite en 2022, combien de temps aurait encore duré cette finale ?
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Puisqu’il faut un vainqueur dans le tennis, alors que tous les deux auraient mérité le match nul, c’est donc l’Espagnol qui s’est imposé en survolant ce super tie-break (10-2) grâce à des points construits avec une extrême justesse. Il remporte ainsi son cinquième titre du Grand Chelem à 22 ans, un mois et trois jours, soit le même âge, au jour près, que Rafael Nadal lorsqu’il avait aussi remporté son cinquième Majeur, à Wimbledon, en 2008.
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