Roland-Garros 2025 : l’épopée de Boisson, l’hommage à Nadal, les night sessions 100% masculines… Ce que l’on a aimé et moins aimé durant la quinzaine
Clap de fin pour Roland-Garros 2025. Au lendemain du premier sacre de Coco Gauff porte d’Auteuil, la victoire en finale de Carlos Alcaraz au terme d’un duel record contre Jannik Sinner, dimanche 8 juin, a sonné le glas de cette quinzaine réussie sur la terre battue parisienne. Contrairement à l’année passée, la météo – pas toujours radieuse mais moins pernicieuse – a permis le bon déroulé global d’un tournoi ouvert par l’hommage poignant à Rafael Nadal et durant lequel la France a vibré pour Loïs Boisson. A l’heure du bilan, franceinfo: sport distribue les bons et les mauvais points.
Ce que l’on aimé
Dix ans qu’on n’avait pas vu de Français en demi-finales porte d’Auteuil, et même quatorze ans si on remonte à la dernière représentante féminine. Et qu’il a été bon de pouvoir pousser derrière Loïs Boisson, 361e mondiale et joueuse inconnue du grand public il y a quinze jours. Moins d’un an après les JO de Paris, les Français ont même pu se réunir dans une fan zone (nouveauté de l’édition 2025) place de la Concorde pour encourager la Dijonnaise, malgré tout battue par la future lauréate Coco Gauff.
Spécialiste de la terre battue, Loïs Boisson est devenue la joueuse détentrice d’une wild card avec le plus beau parcours de l’histoire de Roland-Garros, grâce à ses exploits successifs contre Elise Mertens, Jessica Pegula et Mirra Andreeva, respectivement numéros 24, 3 et 6 à la WTA. Pour son premier tableau principal de Grand Chelem en carrière, et un an après sa rupture d’un ligament du genou, la joueuse de 22 ans a impressionné par son coup droit et sa capacité à gérer ses émotions. Surtout, elle a pris date avec un public désormais acquis à sa cause.
Ils ont pulvérisé le record de la plus longue finale qui remontait à 1982. Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, au bout d’un match marathon de 5h29 en cinq sets dont deux au tie-break et le dernier au super tie-break (4-6, 6-7 [4-7], 6-4, 7-6 [7-3], 7-6 [10-2]), ont régalé dans les grandes largeurs les fans de la terre battue parisienne. Au cœur d’un Philippe-Chatrier pétillant, l’Espagnol, numéro 2 mondial, a renversé son aîné italien, numéro un mondial, pour conserver sa couronne et remporter, à 22 ans seulement, son cinquième titre du Grand Chelem. Déjà. Après deux sets perdus et trois balles de match sauvées, Carlos Alcaraz a progressivement étouffé les vélléités de Sinner, et conclu avec brio un match des plus haletants.
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C’était LE moment émotion de la quinzaine, le plus attendu aussi et il a été très réussi. Au premier jour du tournoi, la légende espagnole Rafael Nadal – 14 titres à Roland-Garros – a été honorée sur « son » court Philippe-Chatrier. Vidéos retraçant sa carrière, tifos en tribunes à l’aide de t-shirts couleur ocre (revendus ensuite à prix d’or en ligne) et escouade du « Big Four » composée de Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray comme invités de marque, tout a été pensé pour un hommage sobre et authentique, à l’image du Taureau de Manacor.
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Les yeux embués, « Rafa » a par ailleurs salué les gens de l’ombre du tournoi (chauffeurs, responsables presse…) et prononcé un discours en espagnol pour remercier ses proches puis le public tricolore, avouant : « Vous m’avez fait me sentir comme un Français de plus ». Il a eu le droit à une plaque à son nom au centre de l’aire de jeu, à droite du filet. Un symbole que plusieurs joueurs et joueuses, dont son héritier désigné, Carlos Alcaraz, sont venus contempler, histoire de s’inspirer de l’aura du « plus grand joueur de l’histoire de Roland-Garros », dixit le speaker.
Derrière, les adieux au tennis de Richard Gasquet après sa défaite contre Jannik Sinner et les dernières de Caroline Garcia et Nicolas Mahut au Majeur parisien pouvaient difficilement rivaliser…
Au-delà de la sensation Loïs Boisson, bon nombre de matchs du tableau dames ont été très plaisants à suivre sur la quinzaine. Dès le 1er tour, le choc entre la tête de série n°10 Paula Badosa et l’ex-n°1 mondiale Naomi Osaka a connu un dénouement en trois sets (6-7, 6-1, 6-4 en faveur de l’Espagnole). En deuxième semaine, la finaliste sortante Jasmine Paolini est passée à la trappe dès les huitièmes de finale, victime d’Elina Svitolina. Surtout, la triple tenante du titre Iga Swiatek a vacillé contre Elena Rybakina au même tour (1-6, 6-3, 7-5) avant de tomber en demi-finales contre Aryna Sabalenka (7-6, 4-6, 6-0), ouvrant la voie à une finale inédite entre la numéro 1 mondiale et Coco Gauff, nouvelle reine de la porte d’Auteuil.
Avec Gaël Monfils au programme d’une night session, le spectacle est assuré. Le vétéran, et showman, a été fidèle à sa réputation. Les spectateurs ont d’abord cru devoir vite plier bagage quand le Tricolore a fini sa course dans les panneaux publicitaires. Mais face au Bolivien Hugo Dellien, « La Monf » a fait parler l’expérience : il a perdu les deux premiers sets, avant d’empocher les trois suivants. Un classique qui ne laisse jamais indifférent. Au deuxième tour, opposé au 5e mondial britannique Jack Draper, il a plié mais sans rendre les armes. A 38 ans, il n’est pas certain qu’il revienne sur l’ocre parisienne. Alors autant savourer.
Rebaptisé « opening week », les qualifications au Majeur de la porte d’Auteuil a été pensé comme une troisième semaine, faisant partie intégrante au tournoi par l’organisation. Avec des billets abordables (à partir de 15 euros pour les jeunes et 29 euros en plein tarif), et l’ouverture du court Suzanne-Lenglen pour l’occasion comme l’an passé, cela a été un franc succès.
Après les 70 000 billets écoulées en 2024, l’organisation a augmenté la jauge quotidienne maximale pour atteindre 80 000 spectateurs en cinq jours. Résultat, l’ambiance mise en tribunes par les supporters français a été particulièrement remarquée, y compris par les engagés étrangers. « L’atmosphère était super, j’avais vraiment l’impression d’être dans le tableau principal et pas nécessairement sur les qualifs », a reconnu la Canadienne Bianca Andreescu, vainqueure de l’US Open 2019 mais éliminée après deux matchs, auprès de 20 minutes.
Ce qu’on a moins aimé
Encore une fois, aucune affiche féminine n’a été programmée en session de soirée. Sans surprise, ces choix ont relancé une polémique devenue un marronnier. Et les organisateurs ont invariablement ressorti les mêmes arguments que les années précédentes. « Le message n’est pas que les femmes ne sont pas méritantes pour jouer le soir. Le sujet, c’est la longueur des matchs. Ce n’est pas une question de niveau », a insisté la directrice du tournoi Amélie Mauresmo.
On aurait pourtant aimé voir l’affrontement entre Naomi Osaka et Paula Badosa, respectivement ex-n°1 et 2 mondiales, sur le Central en soirée, lundi 26 mai. Ce premier tour avait tenu toutes ses promesses, avec trois sets (6-7, 6-1, 6-4) et 2h21 de match. Soit une rencontre plus longue que celle programmée ce jour-là en night session entre le numéro 1 mondial Jannik Sinner et le Français Arthur Rinderknech : 2h15 de jeu, pour une défaite en trois sets du Tricolore (6-4, 6-3, 7-6).
Deux superbes marathons aux conséquences identiques. Coutumier des premiers tours en cinq sets, le Français Hugo Gaston a recommencé cette année. Opposé à son compatriote Ugo Blanchet, le Toulousain a bataillé 2h55, lundi 26 mai, pour rejoindre le deuxième tour (2-6, 6-0, 2-6, 6-3, 6-4), avant de déclarer forfait le lendemain en raison de « douleurs abdominales ».
De son côté, Arthur Fils a tenu un tour supplémentaire. Après avoir battu Nicolas Jarry en quatre sets au premier tour, il a ensuite livré un combat qui restera comme un moment fort de la quinzaine face à Jaume Munar, jeudi 29 mai. Il lui aura fallu l’immense soutien du public et 4h25 de jeu pour venir à bout de l’Espagnol (7-6, 7-6, 2-6, 0-6, 6-4) alors qu’il a commencé à souffrir du dos dans le troisième set. Le lendemain soir, le Tricolore de 20 ans a déclaré forfait, révélant plus tard souffrir d’une « fracture de fatigue » au dos. Le numéro 1 français est désormais incertain pour Wimbledon.
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Autre blessure au compteur, celle d’Ugo Humbert. Le numéro 2 français a dû abandonner lors de son deuxième tour, jeudi 29 mai, à cause d’une glissade mal maîtrisée. Les examens réalisés au mollet se sont néanmoins révélés, ensuite, rassurants.
Autre rengaine : les tribunes vides ou qui tardent à se remplir sur les courts principaux. Alors qu’il est rare de voir des Françaises en deuxième semaine, le Central a pourtant sonné bien creux au début du huitième de finale de Loïs Boisson, face à Jessica Pegula. Programmée à l’heure du déjeuner, la Tricolore n’a reçu le soutien du public qu’à partir du milieu de la deuxième manche. Même lors de son quart de finale, les tribunes n’étaient encore pas remplies à l’entame du match.
Le constat est général sur les affiches de la première rotation, et même de la deuxième, du court Philippe-Chatrier. Le début de huitième de finale entre Jasmine Paolini, numéro 4 mondiale, et Elina Svitolina s’est ainsi joué dans un silence parfois déconcertant. Si la programmation avait été adaptée en conséquence pour les demi-finales masculines avec deux billetteries différentes, le même problème a été visible chez les femmes où l’innovation n’avait étonnament pas été mise en place dès cette année : les entrées de Loïs Boisson et de Coco Gauff sur l’aire de jeu se sont faites face à des gradins clairsemés.
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