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Roland-Garros 2025 : Richard Gasquet fait ses adieux au tennis après sa défaite contre Jannik Sinner

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Il est parti à son image. Sobrement, sans larmes, sans grandes émotions, mais avec un petit mot pour ceux qui l’ont accompagné pendant plus de deux décennies sur le circuit. Richard Gasquet s’est incliné ce jeudi 29 mai au deuxième tour de Roland-Garros contre le meilleur joueur du monde, Jannik Sinner (6-3, 6-0, 6-4). Et en ce milieu d’après-midi, sur un coup droit envoyé dix centimètres trop loin sur le court Philippe-Chatrier, sa carrière s’est arrêtée.

La machine infernale du tennis continuera la semaine prochaine. Il y aura des dizaines d’autres matchs et d’autres tournois. Mais on n’y reverra plus le Français, son jeu classe et léché, son sublime revers à une main, sa gestuelle atypique au service et son grip de raquette qu’il changeait à toute bombe entre deux jeux. Son départ laissera orpheline toute une génération qui avait pris l’habitude de le retrouver à la télévision chaque mois de mai pendant une semaine (rarement plus). Des quatre mousquetaires version années 2000, il ne reste plus que Gaël Monfils.

Des vingt-trois années passées par Richard Gasquet sur le circuit, on retiendra trois choses. Il y a d’abord eu les succès, nombreux. Le Biterrois affiche l’un des plus grands palmarès du tennis français avec 16 tournois remportés (seuls Noah et Tsonga ont fait mieux, certes avec des titres plus prestigieux), une coupe Davis, une médaille olympique (en double à Londres en 2012), 610 matchs remportés (plus que tout autre Français) et quatre années terminées dans le top 10. Bon courage aux Arthur Fils, Ugo Humbert et autres Giovanni Mpetshi-Perricard pour faire ne serait-ce qu’aussi bien.

Vient ensuite la longévité. Le tennis est un «sport à la con», disait-il lui-même en 2008, où les tournois s’enchaînent, toutes les semaines ou presque, partout dans le monde. Une période de moins bien ou une blessure, et c’est l’assurance de dégringoler au classement. S’il a forcément connu quelques bas et pépins physiques, Richard Gasquet aura réussi l’exploit de passer 956 semaines consécutives dans le top 100 ATP. Soit 18 ans et 9 mois, entre avril 2005 et janvier 2024. Les trois seuls joueurs à avoir fait mieux dans l’histoire ? Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic. Rien que ça.

Et enfin, il y a la déception. Car malgré sa carrière à rallonge et ses succès à la pelle, Richard Gasquet laissera dans la mémoire des Français un sentiment d’inachevé. La faute à un talent fou qui lui a valu, gamin, des attentes démesurées. A 9 ans, le petit Richard et son revers à une main s’affichaient en une de Tennis Magazine. La photo était accompagnée d’un titre qui lui a toute sa carrière collé à la peau : «Le champion que la France attend ?» Les superlatifs et reportages ont continué toute son adolescence, quand il écrasait tout le monde chez les juniors, Rafael Nadal inclus. «J’aurais aimé grandir avec plus de sérénité, de calme et un peu moins de stress et de pression, disait-il à Libé quelques jours avant Roland-Garros. C’est normal d’en avoir quand tu es au très haut niveau. Mais si jeune, ce n’était peut-être pas le moment.»

A partir de là, une carrière vide d’un Grand Chelem était forcément perçue comme un échec. Par trois fois, il en aura été proche (demi-finales à Wimbledon en 2007 et 2015, à l’US Open en 2013) et en même temps toujours loin, barré à chaque fois par le big 3 (Federer, Nadal et Djokovic). Sans eux, son destin aurait pu être différent. Lui préfère ne pas y penser. «S’ils n’avaient pas été là, est-ce qu’on [lui, Tsonga, Monfils ou Simon, ndlr] aurait réussi à gagner des Grands Chelems ? Peut-être. On ne le saura jamais.»

Auteur : Julien Lecot

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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