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Roland-Garros | Le couronnement de Coco Gauff

Ça prend du cran pour remporter un tournoi du Grand Chelem. Ça en prend aussi pour renverser la meilleure joueuse au monde. Le triomphe de Coco Gauff en finale du tournoi de Roland-Garros, samedi, ne s’est pas concrétisé par hasard. D’une certaine manière, c’était écrit.




Coco Gauff et Aryna Sabalenka luttaient depuis 2 heures 38 minutes. Dans ses mains, derrière la ligne de service, l’Américaine de 21 ans tenait la balle qui allait peut-être lui procurer son deuxième titre majeur de sa carrière.

Pour la seconde fois de la rencontre, Gauff servait pour le match. Sa mère Candi, dans les gradins, avait fermé les yeux. Les mains jointes, elle priait. Elle murmurait des paroles comme pour implorer les dieux de ce noble sport d’offrir à sa fille une place dans l’histoire.

Et ses paroles ont été entendues. Le deuxième coup de Gauff dans cet échange final a touché à la ligne de fond par un poil, littéralement. Le duvet de la balle Wilson a caressé la craie appliquée sur l’ocre rouge, maintenant l’Américaine en vie.

Deux frappes plus tard, Sabalenka a envoyé son dernier revers à l’extérieur du terrain. Gauff a ainsi gagné en trois manches de 6-7, 6-2 et 6-4. La vainqueure s’est allongée sur le sol, exténuée, et sa mère a levé les yeux vers le ciel, soulagée.

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PHOTO LINDSEY WASSON, ASSOCIATED PRESS

Coco Gauff a gagné contre Aryna Sabalenka en trois manches de 6-7, 6-2 et 6-4.

Montagnes russes

Pourtant, ce duel entre les deux meilleures joueuses de la planète a failli prendre fin rapidement. Après une vingtaine de minutes, Sabalenka menait sa rivale 4-1. La triple championne en tournois du Grand Chelem retenait Gauff dans les câbles grâce à la variété et la maîtrise supérieures de ses coups. Incisive, la Biélorusse se dirigeait aisément vers un premier sacre à Roland-Garros.

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PHOTO ALAIN JOCARD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Aryna Sabalenka

Toutefois, plus la première manche progressait, plus Gauff imposait son rythme et ses intentions. Elle a même poussé Sabalenka au jeu décisif. L’Américaine a pris les devants 3-0 dans ce face-à-face. Néanmoins, la favorite a pu enchaîner les coups gagnants en remportant sept des neuf points suivants pour filer avec la manche.

Le deuxième chapitre de cette rencontre a été dominé par Gauff. Ce sont 33 minutes d’autorité qui ont semblé casser Sabalenka dans son élan. Le début de la manche ultime a confirmé cette impression. À 3-1 pour Gauff, les Français scandaient déjà son nom. « Je ne comprends pas pourquoi vous m’aimez autant », a-t-elle lancé après le match.

Puis Sabalenka a effacé deux balles de bris pour revenir à 3-2. Elle a ensuite brisé son adversaire pour resserrer à 3-3. Mais l’Américaine avait trop d’aplomb. Gauff a fini par freiner la remontée. Comme aux Internationaux des États-Unis en 2023, elle est revenue de l’arrière d’une manche pour vaincre Sabalenka.

« Tu as été meilleure joueuse que moi, a assuré Sabalenka à Gauff, après le match, sur le podium du court Philippe-Chatrier. C’est mérité, tu es une battante et une athlète acharnée. »

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PHOTO AURÉLIEN MORISSARD, ASSOCIATED PRESS

Aryna Sabalenka et Coco Gauff

Les erreurs

La bataille fut longue et imparfaite. Le triomphe fut modeste et spectaculaire. Sur les 12 jeux de la première manche, 8 se sont soldés par un bris de service, 15 des 30 jeux du match ont avantagé la retourneuse. Pourtant, les deux athlètes excellent au service. Mais ce n’est pas ce qui a décidé de l’issue de cette finale aux mille rebondissements.

Lorsque Sabalenka a enchaîné les mauvaises décisions en deuxième manche, le vent a tourné. Une symphonie d’erreurs discordante que même le prodigieux Yannick Nézet-Séguin aurait eu du mal à corriger. Des doubles fautes lors de moments clés, comme lorsqu’elle aurait pu accroître son avance à 5-2 en première manche, un smash envoyé directement dans le filet, une volée ratée, une balle en jeu qu’elle a laissé passer…

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PHOTO CHRISTOPHE ENA, ASSOCIATED PRESS

Aryna Sabalenka

Les erreurs se sont accumulées. En deuxième manche, Sabalenka a enregistré 19 fautes directes, contre 9 pour Gauff. Pendant cette même manche, elle a également remporté 25 % de ses points en première balle. Ce ratio et ce rendement, nettement insuffisants, ont coulé la Biélorusse. Consciente de son propre effondrement, l’athlète de 27 ans tentait de garder la tête hors de l’eau, sachant trop bien qu’elle allait finir par se noyer.

Entre les points, ses yeux humides démentaient le langage non verbal de cette tigresse qui jamais ne s’avoue vaincue. À la fin de la rencontre, pendant que Gauff célébrait avec les membres de sa famille, Sabalenka a fondu en larmes.

« Je suis désolée d’avoir joué une finale si horrible, a-t-elle dit à la foule. Merci pour votre soutien et désolée pour cette finale terrible », s’est-elle excusée à son équipe.

La meilleure joueuse au classement mondial a terminé la rencontre avec 70 fautes directes et 37 coups gagnants. Gauff, de son côté, a cumulé 30 coups gagnants et 30 fautes, un ratio digne des gagnantes.

L’exploit

Le défi était immense pour Gauff. Elle avait devant elle la meilleure joueuse au monde et la tombeuse d’Iga Świątek, triple championne en titre du tournoi. En plus, Sabalenka avait remporté 39 de ses 45 matchs en 2025.

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PHOTO STÉPHANIE LECOCQ, REUTERS

Coco Gauff

Gauff pointait au deuxième rang mondial, certes. Mais l’écart de points entre Sabalenka et elle égalait presque l’écart entre la 2e et la 12joueuse au classement.

« Je ne pensais pas que j’en étais capable, honnêtement. Je crois que je me mentais », a déclaré Gauff.

Sabalenka a enchaîné les erreurs grâce à la pression exercée par son adversaire. Gauff a géré ses longueurs de balle, ses placements, ses effets, et la meilleure joueuse de la planète a été déstabilisée. Et même un peu frustrée. La deuxième manche a été une sublime démonstration de la gestion tactique de l’Américaine. La troisième manche a montré la qualité de sa gestion mentale.

Vingt et un ans et déjà deux titres en tournois du Grand Chelem. Et ce n’est que le début, a-t-elle juré.



Auteur : Nicholas Richard

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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