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Tennis : pourquoi la France ne produit-elle pas de grands champions ?

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C’est une question qui taraude beaucoup de passionnés de tennis : pourquoi la France ne produit-elle pas de champions dans le cadre de Roland Garros ? Alors que Loïs Boisson était la dernière représentante du tennis français encore en lice dans la compétition, quelle est la spécificité du modèle français ? En quoi la fédération française se distingue-t-elle des autres pays ?

Le tennis français : une santé pas si mauvaise que cela

Le parcours de Loïs Boisson à Roland Garros était assez inattendu puisque la joueuse a connu une blessure sérieuse un an auparavant, nécessitant une invitation, appelée wild-card, pour entrer dans le tableau du tournoi. L’aventure de Loïs Boisson sur la terre battue parisienne permet de s’attarder aussi sur l’état actuel du tennis français : « Il se porte plutôt bien parce que cela fait 40 ans que la France a une densité exceptionnelle de joueurs et de joueuses dans le top 300 mondial, dont on peut dire que c’est la frontière du professionnalisme, et même dans le top 100 mondial. Cela veut dire qu’il y a un système qui arrive à produire des très bons joueurs et des très bonnes joueuses professionnelles. Après, devenir un champion ou une légende du tennis comme Roger Federer, Serena Williams ou Rafael Nadal, c’est le produit d’une volonté et d’un parcours individuel d’exception que n’ont pas réussi embrasser certains joueurs ou joueuses. »

Loïs Boisson : une trajectoire particulière

La singularité du parcours de Loïs Boisson vient du fait qu’elle n’est pas issue de la formation donnée par la Fédération française de tennis, alors que « la plupart des très bons joueurs et joueuses français professionnels sont presque tous issus de la filière fédérale ». Cette voie consiste à être repéré par les entraîneurs d’un club, pour mener le jeune joueur à la filière fédérale à haut niveau, qui se tient généralement au centre d’entraînement à Roland Garros. Mais Loïs Boisson « n’a pas été prise à ce filtre à 12-13 ans ; elle avait été remarquée, on avait vu son potentiel, mais elle n’est pas rentrée dans le moule fédéral » : « Elle a vécu son parcours, elle a été dans des clubs, elle a fait une académie privée et elle s’est construite finalement toute seule. Mais quand on se construit toute seule, sans l’aide de la Fédération, cela coûte beaucoup d’argent pour éclore au plus haut niveau. »

Le modèle de la Fédération française de tennis à remettre en cause ?

La question financière est très importante dans le parcours des jeunes joueurs, puisque la vie sur le circuit professionnel coûte de l’argent : « Vous êtes travailleur indépendant et vous devez payer tous vos frais, alors que vous n’avez que du prize money. Le prize money est très faible sur le circuit tertiaire, qui est le premier tournoi de la FFT, et il n’est pas très élevé sur les premiers tournois WTA ou ATP. Il faut vraiment rentrer dans le top 100 pour pouvoir espérer gagner sa vie, et pas seulement y rentrer, mais y rester durablement, au moins deux ou trois années. Cela veut dire que, globalement, si vous êtes au-delà de la centième place mondiale et que vous ne rentrez pas directement dans les tournois du Grand Chelem, vous perdez de l’argent en jouant au tennis. »

Quant à savoir si le modèle de la Fédération française de tennis est à remettre en cause, pour expliquer la France n’ait pas produit de champions tels que Novak Djokovic ou Serena Williams, Emmanuel Bayle insiste sur l’entourage des joueurs, qui est primordial : « C’est le produit d’une passion et d’une volonté sans faille, et puis d’un management de carrière exceptionnel aussi, c’est-à-dire savoir s’entourer des meilleures compétences : le coach, le préparateur physique, le préparateur mental, le médecin, le physiothérapeute ou pour la nutrition. Aujourd’hui, il y aussi les agents et les community managers. Vous gérez une entreprise, et donc il faut une très grande maturité. »



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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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