« Tous les corps seront mis en lumière »… Matthieu Lartot et d’autres amputés défileront à Roland-Garros
Le 8 octobre, Matthieu Lartot sera de retour sur le court central de Roland-Garros. Non pas pour y commenter un match épique de tennis comme il l’a fait dimanche, au micro de France TV, lors de la finale entre Alcaraz et Sinner, mais pour y… défiler ! « Pas de trac mais une grande fierté », s’enthousiasme-t-il.
Au lendemain de la Fashion Week, le journaliste sportif, amputé de la jambe droite en 2023 à la suite d’une récidive du cancer du genou, va s’improviser modèle sur la terre battue aux côtés d’une trentaine d’autres personnes « appareillées » comme lui, âgées de 9 à 70 ans. « Tous les corps seront mis en lumière », résume-t-il. Un événement inédit dans un cadre « prestigieux » orchestré par son association Debout en bouts afin de sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur « l’iniquité de la prise en charge financière des prothèses » en fonction de l’origine de l’amputation. Ambition clairement affichée : « tenter de faire évoluer la législation ».
Pauline Déroulède et Stéphane Houdet sur le podium
Parmi les mannequins d’un soir, des athlètes handisport en lice lors des Jeux paralympiques de Paris 2024 à l’instar d’Arnaud Assoumani, spécialiste du saut en longueur et du triple saut ou les joueurs de tennis Pauline Déroulède et Stéphane Houdet. Le bodybuildeur aux 500 000 followers sur Instagram, Edgard John-Augustin alias « Bionic Body », qui a été victime, enfant, d’un accident de voiture qui lui a coûté ses deux jambes, participera au show, ainsi que l’artiste peintre Priscille Déborah, première Française à contrôler sa prothèse de bras par la pensée.
Cléo, 14 ans, qui pratique le tennis fauteuil à haut niveau et qui, durant le tournoi handisport il y a quelques jours à Roland-Garros était ramasseuse de balles, sera également sur le podium géant. Comme Grace Wembolua, 29 ans, membre de l’équipe de France de handibasket lors des Jeux paralympiques de Rio en 2016, désormais conférencière engagée et ambassadrice d’une célèbre marque de cosmétiques.
« Un défilé qui rassemble autant de corps invisibilisés dans la société et les met en valeur sans faire oublier le handicap, c’est un pas très symbolique. Même avec des physiques différents, on peut représenter la mode, montrer du beau », estime la jeune femme amputée des deux jambes. Elle espère que ce rassemblement, à la fois festif et militant, permettra aussi de « mettre en lumière toutes les inégalités de remboursement » concernant les prothèses.
« Notre système de remboursement peut être simplifié et amélioré »
Selon l’origine de l’amputation (maladie, accident avec ou sans tiers responsable…), l’accès à ce qu’on appelle le « grand appareillage orthopédique » prend des modalités différentes en matière de prise en charge par la Sécu. Certains patients doivent payer de leur poche des milliers d’euros, notamment s’ils souhaitent bénéficier d’une prothèse qui ne fait pas partie de la liste des modèles remboursables. « On a un système complexe de remboursement qui a le mérite d’exister, mais qui peut être simplifié et amélioré. Ce n’est pas normal qu’il y ait autant de disparités, sans prise en compte de certains cas particuliers », signale Caroline Pombourcq, médecin membre de l’association Debout en bouts.
Lors de ce défilé en présence de sportifs, de politiques, d’influenceurs, de responsables d’associations mais aussi du grand public, les mannequins porteront des vêtements de « marques qui font de l’habillage inclusif ». La parade sera suivie d’une vente aux enchères au profit de l’association Debout en bouts qui aide, entre autres missions, à financer des prothèses, en particulier pour la pratique sportive.
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